« Je ne fais que transmettre ce qui me traverse. »
« C’est l’univers qui agit, pas moi. »
« Je ne suis qu’un canal, je ne mérite aucun mérite. »
Ces phrases vous semblent-elles familières ?
Peut-être les avez-vous prononcées vous-même?
Ce réflexe d’effacement semble vertueux à première vue. Il témoigne d’une conscience spirituelle qui reconnaît l’origine transcendante des énergies et des sagesses qui nous traversent. Pourtant, cette posture cache parfois une réalité plus complexe et un déséquilibre subtil dans notre rapport à notre propre valeur.
D’où vient ce malaise que tant de praticiens spirituels ressentent face aux expressions de gratitude ?
Pourquoi cette gêne, ce besoin presque compulsif de rediriger les remerciements ailleurs ?
Nous avons tellement entendu parler des dangers de l’ego sur le chemin spirituel que nous craignons qu’accepter la reconnaissance soit le premier pas vers l’inflation de notre ego.
De plus, certaines traditions spirituelles ont valorisé l’effacement de soi à un point tel que toute forme de reconnaissance personnelle semble contraire à l’idéal du service désintéressé.
Plus profondément, la difficulté à recevoir peut révéler d’anciennes blessures liées à notre valeur personnelle, une croyance inconsciente que nous ne méritons pas cette appréciation.
Nous avons du mal à discerner où s’arrête l’action de la source divine et où commence notre contribution unique.
Cette difficulté crée un déséquilibre énergétique dans le cycle naturel du donner et du recevoir qui est au cœur de toute relation humaine authentique.
Dans la nature, rien n’existe en isolation.
Tout participe à un échange constant d’énergie, de matière, d’information. Cette loi fondamentale s’applique également au travail spirituel.
Lorsque nous refusons de recevoir pleinement la reconnaissance, nous interrompons un cycle naturel et nécessaire. C’est créer un barrage dans le flux naturel de l’énergie.
Car s’il est vrai que nous sommes des canaux, il est tout aussi vrai que :
– Nous avons consacré du temps et des efforts à développer ce canal
– Nous avons surmonté des peurs pour nous ouvrir à ces énergies
– Nous avons étudié, pratiqué, affiné nos capacités
– Nous avons choisi de mettre ces dons au service des autres
– Nous apportons votre unicité, notre touche personnelle à ce travail
« Oui, je suis un canal pour quelque chose qui me dépasse, ET j’ai apporté tout mon être, mon expérience, mon intention et mes compétences uniques à ce travail. »
Cette perspective intégrée nous permet de recevoir les remerciements avec grâce plutôt qu’avec gêne.
Cette énergie, reçue pleinement, nous permet ensuite de donner encore plus authentiquement, créant ainsi un cercle vertueux d’échange et d’abondance.
Au fond, apprendre à recevoir la reconnaissance avec grâce nous invite à revisiter notre relation à notre propre valeur.
À reconnaître que notre travail, notre présence, notre service ont une valeur réelle, non pas parce que nous sommes supérieurs ou spéciaux, mais précisément parce que nous sommes pleinement humains, engagés sur notre propre chemin d’évolution.
La prochaine fois qu’on vous remerciera pour votre travail, essayez simplement de dire « Merci », puis respirez et recevez.